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LYRICS

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DOUFEXIS, SACHSE, HEIDE " HAMLET ECHOES... Songs for Mezzo soprano, viola & piano"

CHARLES MARTIN LOEFFLER (1861-1935)

1 La chanson des Ingénues
Paul Verlaine (1844-1896)

Nous sommes les Ingénues
Aux bandeaux plats, à l'oeil bleu,
Qui vivons, presque inconnues,
Dans les romans qu'on lit peu.

Nous allons entrelacées,
Et le jour n'est pas plus pur
Que le fond de nos pensées,
Et nos rêves sont d'azur;

Et nous courons par les près
Et rions et babillons
Des aubes jusqu'aux vesprées,
Et chassons aux papillons;

Et des chapeaux de bergères
Défendent notre fraîcheur,
Et nos robes-si légères-
Sont d'une extrême blancheur;

Les Richelieux, les Caussades,
Et les chevaliers Faublas
Nous prodiguent les oeillades,
Les saluts et les "hélas!"

Mais en vain, et leurs mimiques
Se viennent casser le nez
Devant les plis ironiques
De nos jupons détournées;

Et notre candeur se raille
Des imaginations
De ces raseursde muraille,
Bien que parfois nous sentions

Battre nos coeurs sous nos mantes
À des pensers clandestins,
En nous sachant les amantes
Futures des libertins.

2 Harmonie du soir
Charles Baudelaire (1821-1867)

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige!
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!

FRANZ LISZT (1811-1886)
4 Les pleurs des femmes
Caroline Pavlova (1807-1893)

Oh! Pourquoi donc, lorsqu`à leurs routes
Les doux bonheurs ne manquent pas,
Pourquoi donc pleurent-elles toutes,
Ces pauvres femmes d`ici-bàs?
Ne jetez pas sur ce mystère
Votre dédain froid et cruel,
Et par le rire de la terre
N`insultez pas aux pleurs du ciel.

Ce qui soudain déborde en elles,
Nul de vous ne l´éprouverait;
Mais vous laissez ces esprits frêles
Se bercer de leurs deuil secret!
Ce n´est pas crainte involontaire,
Ni regret, ni malheur réel,
Mais par le rire de la terre
N`insultez pas aux pleurs du ciel.

C´est un breuvage de leurs âmes,
Une exigencenée ailleurs;
Il faut souvent des pleurs aux femmes
Comme il faut de la pluie aux fleurs.
Arrosé par l´ondée amère
Leur amour fleurit, éternel,
Oh par le rire de la terre
N`insultez pas aux pleurs du ciel.

Savez-vous si ce don suprême
Luit en vain dans d´humides yeux?
Si ce n´est pas un saint baptème,
Un sacrement religieux?
Ne jetez pas sur ce mystère
Votre dédain froid et cruel,
Et par le rire de la terre
N`insultez pas aux pleurs du ciel.


JOHANNES BRAHMS (1833-1897)
5 Gestillte Sehnsucht op. 91 No. 1
Friedrich Rückert (1788-1866)

In gold'nen Abendschein getauchet,
Wie feierlich die Wälder stehn!
In leise Stimmen der Vöglein hauchet
Des Abendwindes leises Weh'n.
Was lispeln die Winde, die Vögelein?
Sie lispeln die Welt in Schlummer ein.

Ihr Wünsche, die ihr stets euch reget
Im Herzen sonder Rast und Ruh!
Du Sehnen, das die Brust beweget,
Wann ruhest du, wann schlummerst du?
Beim Lispeln der Winde, der Vögelein,
Ihr sehnenden Wünsche, wann schlaft ihr ein?


Ach, wenn nicht mehr in gold'ne Fernen
Mein Geist auf Traumgefieder eilt,
Nicht mehr an ewig fernen Sternen
Mit sehnendem Blick mein Auge weilt;
Dann lispeln die Winde, die Vögelein
Mit meinem Sehnen mein Leben ein.


6 Geistliches Wiegenlied op. 91 No. 2
Emanuel von Geibel (1815-1884) nach Lope de Vega

Die ihr schwebet
Um diese Palmen
In Nacht und Wind,
Ihr heilgen Engel,
Stillet die Wipfel!
Es schlummert mein Kind.

Ihr Palmen von Bethlehem
Im Windesbrausen,
Wie mögt ihr heute
So zornig sausen!
O rauscht nicht also,
Schweiget, neiget
Euch leis und lind,
Stillet die Wipfel!
Es schlummert mein Kind.

Der Himmelsknabe
Duldet Beschwerde;Ach, wie so müd er ward
Vom Leid der Erde.
Ach, nun im Schlaf, ihm,
Leise gesänftigt,
Die Qual zerrinnt,
Stillet die Wipfel,
Es schlummert mein Kind.

Grimmige Kälte
Sauset hernieder,
Womit nur deck ich
Des Kindleins Glieder!
O all ihr Engel,
Die ihr geflügelt
Wandelt im Wind,
Stillet die Wipfel,
Es schlummert mein kind.


Dmitri Shostakovich (1906-1975)
7 Song of Ophelia
Aleksandr Alexandrovich (1880-1921)

When you left me, my dear friend
you promised to love me
You left for a distant land,
and swore to keep your promise!

Beyond the happy land of Denmark,
the shores are in darkness...
The angry waves wash
over the rocks...

My warrior shall not return,
all dressed in silver...
The bow, and the black feather will
restlessly lie in their grave.


Christian Jost (*1963)
8 Hamlet-Echos
William Shakespeare (1564-1616))

That this too sullied flesh
would melt,
thaw and resolve itself into a dew.

Schmölze doch dies allzu feste Fleisch,
zerging´und löst´ in einem Tau sich auf!
Hätte nicht der Ewige sein Gebot gerichtet gegen Selbstmord!
Wie ekel, schal, flach und unersprießlich scheint mir das ganze Treiben dieser Welt.

The time is out of joint.

Cursed spite, that ever I
was born to set it right.

This is now the very witching time of night, when churchyards yawn and hell itself breaks out contagion to this world.

Ein Leiden folgt dem anderen auf dem Fuß, so schleunig folgen sie; Ophelia ist ertrunken,

drowned.


FRANK BRIDGE (1879 – 1941)
9 Far, Far from each other
Matthew Arnold (1822-1888)


Far, far from each other
Our spirits have [grown]1.
And what heart knows another?
Ah! who knows his own?

Blow, ye winds! lift me with you
I come to the wild.
Fold closely, O Nature!
Thine arms round thy child.


Ah, calm me! restore me
And dry up my tears
On thy high mountain platforms,
Where Morn first appears,

10 Where is it that our soul doth go?
Kate Freiligrath Kroeker (1845-1904)
nach/after Heinrich Heine (1797-1856)

One thing I'd know,
When we have perished,
Where is it that our soul doth go?
Where, where is the fire, that is extinguished?
Where is the wind?
Where is the wind but now did blow?
Where is it? Where is it?
Where is it that our soul doth go?
When we have perished.


11 Music, when soft voices die
Percy Bysshe Shelley (1792-1822)

Music, when soft voices die,
Vibrates in the memory;
Odours, when sweet violets sicken,
Live within the sense they quicken.

Rose leaves, when the rose is dead,
Are heaped for the belovèd's bed;
And so [thy]1 thoughts, when thou art gone,
Love itself shall slumber on.


CHARLES MARTIN LOEFFLER
Quattre Poèmes op. 5

12 No. 1 La cloche félee
Charles Baudelaire

Il est amer et doux, pendant les nuits d'hiver,
D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume,
Les souvenirs lointains lentement s'élever
Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.

Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
Jette fidèlement son cri religieux,
Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente!

Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis
Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits,
Il arrive souvent que sa voix affaiblie

Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie
Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts,
Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts.


13 No. 2 Danson la gigue!
Paul Verlaine

Dansons la gigue!
J'aimais surtout ses jolis yeux,
Plus clairs que l'étoile des cieux,
J'aimais ses yeux malicieux.
Dansons la gigue!

Elle avait des façons vraiment
De désoler un pauvre amant,
Que c'en était vraiment charmant!
Dansons la gigue!

Mais je trouve encore meilleur
Le baiser de sa bouche en fleur,
Depuis qu'elle est morte à mon coeur.
Dansons la gigue!

Je me souviens, je me souviens
Des heures et des entretiens,
Et c'est le meilleur de mes biens.
Dansons la gigue!

14 No. 3 Le son du cor s’afflige vers les bois
Paul Verlaine

Le son du cor s'afflige vers les bois
D'une douleur on veut croire orpheline
Qui vient mourir au bas de la colline
Parmi la bise errant en courts abois.

L'âme du loup pleure dans cette voix
Qui monte avec le soleil qui décline
D'une agonie on veut croire câline
Et qui ravit et qui navre à la fois.

Pour faire mieux cette plainte assoupie,
La neige tombe à longs traits de charpie
A travers le couchant sanguinolent,

Et l'air a l'air d'être un soupir d'automne,
Tant il fait doux par ce soir monotone
Où se dorlote un paysage lent.


15 No. 4 Sérénade
Paul Verlaine

Comme la voix d'un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline:
Pour toi j'ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

Je chanterai tes yeux d'or et d'onyx
Purs de toutes ombres,
Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx
De tes cheveux sombres.

Comme la voix d'un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Puis je louerai beaucoup, comme il convient,
Cette chair bénie
Dont le parfum opulent me revient
Les nuits d'insomnie.

Et pour finir je dirai le baiser
De ta lèvre rouge,
Et ta douceur à me martyriser,
- Mon Ange! - ma Gouge!

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline:
Pour toi j'ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.